Le meilleur graphique statistique jamais dessiné : la campagne de Russie par C. Minard, 1869

Une guerre racontée en une carte 

Le tour de force de son auteur, l’ingénieur civil Charles Joseph Minard, fut de croiser astucieusement plusieurs variables de natures très différentes :

• La taille de l’armée française, représentée par la largeur des bandes et qui constitue le cœur de la dataviz autour desquelles les autres variables viennent s’articuler ;
• Sa localisation sur une surface en deux dimensions (incluant des éléments topographiques tels que les cours d’eau) ;
• La direction de l’armée (distinguable par la couleur des bandes) ;
• La température ambiante (en degrés Réaumur) à différents moments de la retraite depuis Moscou.

Le résultat est une visualisation hybride, à la frontière entre le graphique et la carte, qui fournit à son lecteur les éléments nécessaires et suffisants pour reconstituer l’histoire de la campagne, que voici.

L’histoire de la campagne napoléonienne

L’armée française comptait 442 000 soldats à son départ en Lituanie, aux portes de la Russie. En chemin vers Moscou (bande brune), elle essuiera des pertes humaines successives. Principalement dues à la tactique de la terre brûlée appliquée par les Russes, qui causa famine et maladies au sein des troupes.

Un violente bataille eut lieu près de la rivière Moskova, où 27 000 soldats français tomberont au combat.  Les 100 000 survivants poursuivirent leur conquête jusqu’à atteindre Moscou…vide ! Les Russes avaient préféré la détruire complètement plutôt que de la laisser aux mains de l’adversaire. Choix payant, car cela empêchera les Français de s’y baser et de se préparer à envahir Saint-Pétersbourg, capitale de l’empire russe à cette époque. Par manque de ressources, l’armée de Napoléon fut contrainte de faire demi-tour en plein hiver. Famine et froid firent des ravages. Les combattants français, partis de chez eux au printemps, étaient alors vêtus de vêtements d’été.

D’autres confrontations surviendront sur le chemin du retour. Finalement, seuls 10 000 du demi-million d’hommes partis revinrent de cette campagne militaire. Il s’agit bien là d’une défaite évidente de Napoléon 1^er, dont Charles Joseph Minard nous permet d’appréhender l’ampleur. Merci Charles !

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